La fin commence dès le début.

C’est assise sur ce sofa poussiéreux de mon passé, accompagnée d’une tige cendreuse que je me projette vers l’avenir qui s’écoulera à cette même allure indéfinie. Un futur que j’aimerais inconditionnel, mais qui se mêle au si du pourquoi pas. J’aime la vie vous savez, tout comme vous, je l’aime sans l’avoir choisie. Arrivée à bord d’un navire qui m’a été imposé dont l’acceptance fut la suite rationnelle, plutôt humaine, contrainte acquise au premier jour.

Ce jour arrivera, tristesse intempestive qui laissera la place aux nouveaux arrivés toujours dans l’utopie d’une immortalité bien plus insensée que le cerveau oserait espérer. Lui-même mène un combat vers l’imaginaire, l’image fantasmagorique d’un jour éternel.

Finalement, n’est-ce pas le sens que l’on donne à notre existence ? J’aime tellement l’imaginaire, l’esprit vagabonde dans des décors bleutés, parsemés de lumière où l’ombre n’est pas, n’est plus. Cette sensation légère de toaster en l’honneur du moment présent, d’un futur acquis et la certitude d’une vie à la hauteur d’un rêve non éphémère. Je me sens légère dans cette vie que je m’offre dans une parfaite illusion. Dans un monde conjugué aux milliards de si, je suis solitaire.

Le réveil, quant à lui, reflète l’idée d’une vérité qui s’émerveille à la simple vue d’un rayon de soleil et s’effraie dès qu’une ombre nous suit. Cette ombre ne s’éteint jamais tant que vie sera. J’ai envie de me souvenir de ce premier cri en sortant du corps maternel, il était heureux ou agonisant. Peut-être était-ce un signe d’appréhension ?  Une pleine conscience sur le parcours du combattant qui s’écrivait déjà sur ce futur qui n’existe point. Le temps n’existe pas, je vis autant qu’une fourmi que l’on écrase involontairement sur son passage. Je suis un être dont la mathématique ne peut explicitement démontrée que la fin sera proche, cependant elle restera certaine. N’être qu’une suite logique est un problème non résolu pour l’humain dont l’humanité n’est qu’un concept point solidaire, abstraitement solitaire.

Protagoniste éphémère consciente du monde qui se présente à moi, je me lève souvent le matin. Comme mes semblables, je me brosse les dents, lave mon visage, un rituel routinier qui me confronte à un ensemble réel conditionné mais non conditionnel. J’absorbe le vent, les énergies et les heures que l’on a numérotées pour nous planifier. Je sais que le soir sera plus propice au sommeil. Je m’endormirais le souffle vivant jusqu’à rejoindre un autre monde parallèle à l’aube de mes désirs. À nouveau, je reviendrais vers vous, réveillée et motivée. Une motivation de vivre pour d’autres lendemains dont j’espère écrire les souvenirs joyeux. Passagère du train de l’envie, je passerais dans des tunnels sombres qui éveilleront ma capacité à être au niveau d’un futur qui m’appartient. Vous n’y êtes déjà plus, du moins pas toi, mais plutôt vous. Vous êtes loin derrière, je ne vous oublie pas, je mémoriserais juste l’instant partagé ou effleuré.

Je suis un simple être qui attend la mort sans en être impatiente. Je n’en ai pas si peur que ça. Je la sais réelle, impalpable, juste telle qu’elle est, un rien. Le néant que l’on aimerait définir sans crainte avec certitude. 

Un jour, je serai morte avec les seules conditions d’avoir vécu, d’avoir vu, d’avoir été, d’être née. Ce jour là ne sera qu’un souvenir pour les vivants qui rejoindront ce même état qui se renouvellera avec ou sans nous.

Hier, j’ai acheté des fleurs. Elles étaient belles, j’ai immortalisé ce moment. Une photo publiée par ici et par là. Vous les avez aimées autant que moi. Aujourd’hui, elles se sont fanées au plus grand dam de mon désir de les voir s’éveiller à nouveau, encore et encore. Elles ne sont plus, je les ai jetées.

Sarah


(Sarah Avena Copyright)

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