Le jour où l’être humain est devenu un porte monnaie 

« Bonjour mes glaces à la vanille ! Aujourd’hui j’ai testé ce gloss trop beau. Je l’applique comme ça, puis j’ai un super code promo à -2%. Profitez-en ! Aussi je viens de commander à manger car j’ai toujours trop faim à midi, je vous propose un code de -8%. J’ai oublié de vous dire là je vais à la boulangerie à 100m en Uber car je suis trop fatiguée vous comprenez, je vous prépare ma prochaine vidéo sur mes derniers achats. Juste parce que je vous aime j’ai un code promo de dingue à utiliser sur votre première course ».

En bref, j’ai accepté indirectement d’être la proie d’un marketing de masse qui me parle à moi, rien qu’à moi et surtout à mon porte monnaie qui serait bien vide si je fonçais tête baissée dans ce brouhaha sponsorisé.

J’ai hésité avant de me lancer. J’avais le choix entre vous offrir un code promo ou me lâcher, ne m’en voulez pas car j’ai opté pour le second. À mes risques et périls, je ne ferais peut être jamais de posts sponsorisés, ça tombe bien ce blog est entièrement sponsorisé par moi-même. Alors, c’est pas sans langue de bois que j’ai décidé d’écrire un billet sur le fléau de l’ultra consommation via les réseaux sociaux. Un petit tour sur Snapchat, mis à part quelques amis qui m’amusent à chanter avec des oreilles de chiens, je visionne chaque jour des stories qui promeuvent des marques en tout genre. Je suis plutôt friande des codes promo (lorsque je les cherche), sauf que nous avons dépassé le stade de la générosité commerciale. Certaines marques démarchent des digital influencers en masse et ce n’est plus étonnant de voir les mêmes bons plans partagés. Parmi les noms les plus véhiculés, on peut citer Daniel Wellington, Uber, Uber Eats, Skinny Mint teatox, Luxuryance et je pourrais passer toute la sainte journée à les énumérer.

À chaque fois que je me connecte sur Instagram, Snapchat et tout autre canal « social », je deviens une consommatrice que l’on appâte par tous les moyens. Tag, code, hashtag sont associés à d’innocents « bonjour mes choux ! », je rentre dans la cage, visionne les images et me retrouve emprisonnée dans un acharnement publicitaire. J’aime être inspirée par de jolis contenus, c’est pourquoi j’assume suivre des fashion blogueuses ou des comptes de voyages, lifestyle qui m’offrent un aperçu sur ce que je ne peux voir et avoir à portée de mes yeux dans mon quotidien. C’est lorsque les comptes deviennent trop sponsorisés que je sors de mes gonds !

Un bon moyen de perdre sa crédibilité et ses abonnés 

Certains ont tellement compris le filon qu’ils ne s’embêtent même plus à partager autre chose que des posts financés. La plupart du temps, soit je me désabonne ou je reste avec le like difficile juste par curiosité virtuelle. Sûrement pour cette raison que certains comptes qui dépassent les millions d’abonnés ne récoltent que 10k likes sur leurs posts. Les marques qui visent une cible de masse vont se contenter du nombre de vues et non du réel impact du digital influencer avec la même stratégie que la publicité à la télévision. Pourtant, ce simple exemple est un constat réel sur le potentiel de ces influencers qui ont oublié la raison principale qui a séduit leurs nombreux abonnés.  C’est ainsi que je me laisse penser que les millions de followers n’auront bientôt plus de sens pour les marques car l’abonné n’est pas dupe et a bien compris la supercherie. Nous sommes nombreux à ne plus accepter d’être le dindon de la farce en étant considérés comme une cible déshumanisée.

Dans l’absolu, le digital influencer qui a un impact commercial – humain sur son abonné sera celui qui raconte une histoire. Prenons l’exemple de The balloon diary, elle déambule dans les rues  parisiennes avec son ballon nous offrant un voyage quotidien dans la mignonerie avec quelques publicités par ci par là. Pour ne pas en citer qu’une, il y a aussi la Youtubeuse Horia qui privilégie son rapport avec ses abonnés. Cela ne l’empêche pas de faire du sponsoring, mais sa proximité avec sa grosse communauté donne un côté humain qu’il manque chez nombreux influencers 2.0.  J’ai également visité les comptes de Xenia Tchoumi qui propose du contenu publicitaire, mais fait régulièrement des live sur ses différents canaux afin d’établir un lien avec ses millions de fans. Certaines fois, elle partage même quelques conseils de réussite. Ça parait futile ? Pourtant, il y a une très grande différence entre un panneau publicitaire vivant qui ne partage que du contenu sponsorisé sans faire le moindre effort de proximité et celui qui raconte une histoire ou encore mieux vous donne un rôle. Ce moment où l’humain repasse derrière l’écran.

Que reste-t-il de la sincérité ? 

Il est loin le temps de l’authenticité et du partage d’une passion à travers les réseaux sociaux. Récemment, j’ai visionné l’interview d’Émilie Fiorelli (ex candidate Secret Story), qui disait avoir envie de se lancer dans le blogging mais qu’elle attendait impatiemment qu’une marque lui propose un partenariat afin de se lancer dans cette aventure. Je me suis demandée qui pourrait bien suivre une fille qui tient ouvertement de tels propos ? Encore pire, qui pourrait acheter ses produits 100% sponsorisés ? En bref, elle assume attendre d’être payée avant de créer un blog dans l’espoir de devenir la prochaine Caroline Receveur. Vous me direz qu’elle a le mérite d’être honnête, ce n’est pas si faux. Cela dit, on en apprend plus sur les envies d’une génération friande de partenariats et d’argent facile. Le hic c’est qu’ils en oublient l’essence même d’être blogueuse ou Youtubeuse. Le succès sur les réseaux sociaux vient de l’authenticité, du moins de la proximité entre l’utilisateur public et son audience. Le fait que l’on puisse se dire « cette fille est comme moi et j’adore ce qu’elle partage ». Au commencement, celui ou celle qui publiait n’était pas une star, c’est cette même raison qui a attiré les grandes marques. Une personne dite « banale » qui séduit un grand nombre d’abonnés, c’est celle-ci qui faisait vendre. Aujourd’hui, nous avons atteint le sommet au niveau de l’évolution du digital influencer (c’est peu de le dire). Auparavant, on se contentait de l’appeler blogueur ou youtuber. Simple comparaison, c’est comme si un acteur de cinéma s’autoproclamait « je suis bankable ! ».

Même votre voisin(e) a quelque chose à vous vendre

Que ce soit la copine, le voisin ou cet inconnu que vous suivez, on se vend tous quelque chose. Le dernier livre que l’on a lu, cette robe que l’on avait absolument envie de partager, ce café branché où l’on a siroté une menthe à l’eau, des détails qui font mouche sur le tableau social. Les hashtags et la géolocalisation n’en sont pas pour rien, ils ont facilité la tâche aux marques. Nous sommes devenus des panneaux publicitaires gratuits. Bientôt on leurs enverra tous une facture sur nos ventes via nos comptes sociaux, qui sait !

Bien que ces tags sont parfois innocemment posés sur nos photos afin de partager un bon souvenir ou un bon plan, l’ère du succès des réseaux sociaux a aussi inspiré de nouvelles vocations. Si vous voyez le nombre d’adolescent(e)s qui traînent sur Youtube en faisant des appels aux abonnés dans la barre des commentaires des plus populaires et qui tentent d’imiter leurs idoles 2.0 en vidant la trousse à maquillage de maman pour en vanter les bienfaits, c’est quelque peu… effrayant ! Je ne pointe pas du doigt l’envie de réussite qui demande de l’audace, mais plutôt le fait que l’ado d’aujourd’hui a développé le réflex de vendeur sur la toile. À ce rythme là, on n’aura plus grand chose à se raconter, si ce n’est de s’autovendre sur le web.  Vous avez sûrement entendu parler de cette jeune Youtubeuse du nom de Lena The Plug qui promet une sextape si elle atteint le million d’abonnés ? Sa vidéo dans laquelle elle explique son challenge se finit avec une note choquante qui pourrait devenir banale dans un futur proche « Aime et abonne toi si tu veux voir ma sextape ». Elle a déjà récolté plus de 4 millions de vues et 475k abonnés. Dans une récente vidéo, elle explique qu’elle et son conjoint sont très ouverts sur le plan sexuel et qu’ils ne s’attendaient pas à un tel buzz. Le problème à venir serait la suite logique de la vente de soi sur les réseaux sociaux. Ils ont été les premiers à être autant médiatisés, malheureusement ça risque encore de donner des idées aux plus jeunes dont la soif d’attention est grandissante.

La publicité de soi, le fléau d’aujourd’hui 

Vendre un sac, vendre sa vie, vendre son corps. À en croire l’évolution des réseaux sociaux, nous sommes devenus le produit de consommation par excellence. Nous nous différencions selon notre taux d’audience, mais le phénomène du panneau publicitaire vivant prend une direction angoissante. Un cercle virtuel bien vicieux. On le sait, la mode se renouvelle et s’inspire du passé pour créer ce que l’on portera demain. Sur ce même modèle, on pourrait imaginer que le phénomène de l’influenceur digital va revenir sur ses pas.

J’aime croire que le blogging retrouvera sa première fonction, celui du partage de passion sans influence d’achat. Dans le genre de la bonne copine qui parle de fringues avec passion et partage ses coups de coeur avec sincérité. Dans mon métier de consultante en communication digitale, je dis souvent à mes clients de s’attarder plus sur les petites blogueuses car elles ont encore un lien avec leur audience, elles dégagent encore de l’authenticité, et plus que tout de la sincérité. Il est possible qu’elles rêvent également d’atteindre le sommet, pourtant tout me laisse penser que le futur de l’influence sur les réseaux sociaux se trouve dans les petites communautés au potentiel énorme. J’effacerais même le mot influence pour en garder la simple idée du partage.

Espérons que les Millennials se réveilleront à temps pour contrer l’envie de devenir les panneaux publicitaires du futur déjà bien présente dans une société d’ultra consommation.

Et toi, tu en penses quoi de l’aspect trop commercial

sur les réseaux sociaux ?

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