Allons, prends la pomme chérie et fais un vœu !
Encore sous le ton de l’ironie, j’ai envie de verser mon encre sur ce phénomène de la beauté. En surfant sur le web comme à mon habitude, je me suis laissée penser qu’on avait développé un gros soucis d’acception de soi. Vous n’êtes pas d’accord ? Je dirais que notre pathologie a commencé avec cette histoire de selfie qui, sous ses airs innocents, veut nous faire croire en « l’instant présent sans fard » alors qu’en fait… il est rempli de filtres en tout genre. On ne va pas se voiler la face, allez on en parle sagement pour comprendre la chose (les volontaires ouvriront le débat en commentant tout en bas de l’article).
Je mange une pomme : t’es trop belle ma chérie
Il faut dire que les réseaux sociaux laissent des séquelles sur notre égo. Parfois positifs, d’autres négatifs, les commentaires sont devenus notre pouvoir suprême : amstramgram pic et pic et coléDrame je te dirais si je te t’aime ou pas ! (À ce genre de mélodie, on met #unlike on est d’accord). La communauté des internautes donne son avis sur tout et naturellement elle juge aussi la beauté physique. Dès que l’on poste une photo, on reçoit tout un tas de commentaires. Si l’on a le culot d’avoir usé quelques filtres bien sélectionnés, on a souvent droit à de gentils messages « tu es trop belle, magnifique, trop belle, charmante, canon, blablabla ». Je ne vais pas cracher dans la soupe car c’est plutôt agréable de recevoir des compliments, non ? Là n’est pas la question. Cependant, je suis à peu près certaine que certains ont même dû prendre la grosse tête à force d’en recevoir. Au pire si les chevilles enflent, il suffit de prendre un selfie visage sans oublier le hashtag #nofilter pour attirer les haters. On ne va pas leur en vouloir après tout si le publicateur poste naïvement la photo de lui en train de manger une banane pour mettre en lumière ses bienfaits nutritifs et que le monde lui offre un trône virtuel acquiesçant sa beauté fulgurante ! Enfin, gardons les pieds sur terre et revenons à l’essentiel car cet article n’a pas pour but de dire que les gentils commentaires c’est pas bien puisque justement ils sont gentils donc c’est plutôt bien (#bisounours et #FièreDeLÊtre). J’ai plutôt envie de relever deux questions qui me sont venues concernant nos maux générationnels…
Celui qui publie recherche-t-il l’approbation de ses abonnés sur son degré de beauté ? Quant au commentateur, pourquoi s’octroie-t-il le droit de juger sur la beauté du protagoniste en question ? Telles sont les questions. Vous me direz : la liberté d’expression ! I know, nous sommes libres d’être libre. Notons que si tu es beau / belle, tu peux très bien être jugé(e) moche et remoche. Ce monde digital part en vrille, mais il a ce quelque chose tellement fascinant sur notre état psychologique (si vous cherchez une vocation, le métier de psychologue spécialisé dans les réseaux sociaux va faire fureur dans quelques années).
T’es plutôt belle, mais le vert ne te va pas du tout
Il faut bien un dénouement, voire une explication. Récemment, je vagabondais sur Périscope lorsque j’ai vu une fille en train de fumer sa cigarette. Elle n’avait pas de sujet précis, mais lisait juste les commentaires en répondant « merci ». Ce fût un enrichissement intellectuel de la visionner car les seuls mots de ses followers étaient des compliments du genre « t’es trop bonne, t’es belle, t’as de beaux seins, tu ******** ? », mais elle n’a pas échappé aux « t’es moche, tu te la pètes ». Vous l’aurez compris, j’étais carrément hypnotisée par cette déesse digitale pour des raisons différentes de celles de son quota d’abonnés présents. Il paraissait claire qu’elle n’avait rien à raconter et son audimat était bien à la hauteur pour s’en contenter. J’ai eu l’impression d’assister à un jugement gratuit et à une jugée consentante qui demandait l’approbation de la cour sur son niveau esthétique : belle ou pas ?
Je relève aussi la facilité des jugeurs haineux qui commentent sans aucune limite, sans rancoeur et sans le moindre scrupule. Ce phénomène, tout bon utilisateur des réseaux sociaux le connait. Que ce soit une photo sur Instagram ou sur Facebook, on a conscience que notre groupe d’amis virtuels va se laisser prendre au jeu du commentaire aux besoins factices.
On en est arrivé au point de s’auto-juger sur nos critères physiques. À croire que si le web nous dit que l’on n’est pas assez beau, notre monde s’écroulera car nous donnons trop d’importance à l’avis d’autrui sur nous-même. D’autant plus que la quête aux followers ouvre la porte à un plus large public qui se fera un plaisir d’exprimer son mal-être sur la cible potentielle. Notons bien que nous sommes tous des cibles à partir du moment où l’on s’affiche publiquement sur internet. Vous connaissez ce truc tout simple : « je m’aime pas alors je vais te détester comme ça tu comprendras ce que ça fait ». On appelle ces derniers les haters d’ailleurs (sujet du bac philo en 2017, why not).
Le web : ce miroir virtuel addictif
Histoire d’aller plus loin, les filtres nous ont offert l’opportunité d’avoir une apparence sur la toile qui se rapprocherait d’une référence de la beauté conforme. C’est quoi la beauté ? On se prend en photo, puis on peaufine nos traits afin d’embellir notre image et enfin correspondre à ce que notre époque a voulu considérer comme être beau. Je suis utilisatrice de filtres et si je me laisse aller dans la confession, j’ai envie de vous dire que mon conditionnement digital a fait que je me trouve mieux avec un jeu de lumière Instagram qu’au réveil cernée comme pas possible. Vous avez déjà ressenti ça ? C’est effrayant de se dire que la réalité est plus moche que le virtuel, ça sème un doute au niveau de l’acceptation de son apparence.
Ça y est, je suis la plus belle sur terre !
Pour rebondir à nouveau sur le sujet principal, je pense que notre évolution au sein de la webosphère a développé en nous une addiction inconsciente à l’approbation de l’autre. Il suffit de voir le nombre de selfies postés sur Instagram par exemple : 257 024 679 photos avec le hashtag #selfie sachant que nous ne sommes pas que sur ce réseau social et qu’il y a d’autres hashtags. Ça laisse perplexe quant à notre réel objectif qui se cache derrière une simple publication. Comme un besoin constant d’être rassuré… La peur de ne pas être suffisamment conforme à ce qui est censé être représentatif de la beauté. Au fil du temps, on peut même remarquer que l’on se ressemble de plus en plus sur la sphère virtuelle. Espérons que cette addiction ne fera pas de nous des êtres dépourvus de bon sens à la recherche unique d’une apparence supposée parfaite pour satisfaire les autres et notre besoin de nourrir notre égo. Ne tombons pas dans la boulimie du like. Bien que ça ne nous empêchera pas de partager sagement nos moments de vie sur la toile c’est certain, mais posons nous la question et discutons-en si le sujet vous intéresse 😉
On fait un test ?
Je vous invite à faire une expérience (qu’il m’arrive de faire à mes heures perdues, c’est que derrière mon écran c’est la grande éclate) : postez une photo de vous super filtrée, puis le lendemain à la même heure publiez un statut très sérieux sur votre état d’esprit par exemple. Le quota de likes va creuser un grand écart, si ce n’est pas le cas alors vous êtes Tip Top Super Top car votre cercle d’amis / abonnés vous aiment autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, elle est pas belle la vie ! #TropDÉmotions #SmileyQuiPleure
Nb : Vous l’avez peut être remarqué, certains titres font référence à des répliques de Blanche Neige, c’est que Disney nous a souvent fait passer des messages qui poussent à la réflexion ♥
J’ai bien aimer ton résumer il est vraiment réel à la vie actuelle beaucoup de personne sont vraiment concerné dont moi d’ailleurs je ne le cache pas. Franchement chapeau, beaucoup de personne devrait le lire. Il est très bien écrit.
Lorsque j’ai écris cet article, je me suis moi-même visée car c’est un phénomène actuel qui touche une grande partie des utilisateurs.
Merci pour ton commentaire qui me fait très plaisir.
Bonne semaine !
Sarah