Une journée prend fin laissant place à d’autres lendemains ainsi qu’à de nouvelles questions détournées de la réalité, dirigées vers la virtualité. Une routine qui se veut banale avec 3 repas par jour, presque 5 fruits et légumes, un thé detox et un tas de likes posés gentiment sur la toile me permettant d’être succincte dénuée de toute forme de langage et d’éloquence. Ne vous êtes vous jamais demandé que signifiait ce like machinal ?
Pourquoi je like ?
La question sonne ridicule, n’est-ce pas ? La réponse pourrait être à sa hauteur : j’aime parce que j’aime. Vraiment ? C’est un peu comme déclarer sa flamme sans argument. J’aime l’idée que nous aimons pour nous prouver que nous existons sur la terre virtuelle dans l’espoir d’être aimé en retour. Le like est devenu bien plus qu’un simple sentiment d’appréciation sur une publication, il s’apparente à un réflexe. Tapoter son écran, ouvrir un réseau social, voguer sur les différents posts, liker sans compter, ainsi va la vie !
Photos de l’ami digital, commentaires de parfaits inconnus, articles partagés en masse, vidéos virales ou selfie du bébé de l’ami digital, tout ce contenu éclabousse notre quotidien sans nous lasser de les liker. Certains vont se contenter de liker ce qu’ils ont vraiment aimés, d’autres iront liker tout ce qui passe sous leur nez avec l’objectif conscient ou pas que personne ne s’en aperçoive ou au contraire que tout le monde le sache. Ce n’est pas comme marcher dans la rue et dire aux passants que vous les aimez. Imaginons le scénario dans la vie réelle : « J’aime vos baskets, j’aime vos lunettes, votre blague est tellement drôle, encore une autre ! J’aime ces gens qui volent une voiture, j’aime cette homme qui se défenestre, j’aime tellement ton jean moulant, j’aime votre couple qui se dispute, j’aime ce que tu dis à ta copine, j’aime ce que tu manges. Bon. Y-a-t-il quelqu’un qui m’aime ? » Forcément, vu sous cet angle on aurait encore plus de soucis à se faire quant à notre petite condition humaine. Alors, si le like digital ne prend pas vie dans l’espace réel, on pourrait se laisser dire qu’il correspond à la quantité de publications que nous voyons et auxquelles nous adhérons ou bien même nous en faisons une projection. Vu ! Je ne like pas, je vois, j’adhère au contenu, je me projette, je vous le montre et j’existe.
Alors, pourquoi je like ?
Encore cette question ! Admettons que nous likons parce que nous sommes de parfaits optimistes qui rêvons d’un monde dont la fonction serait le partage en masse d’amour. C’est beau, tellement beau, mais trop utopique malheureusement. Peut-être que nous souhaitons glorifier le publicateur en lui exprimant notre infinie gratitude exposée en public. Ou bien nous construire une personnalité en amassant un maximum d’informations, nous les approprier et s’exposer nous-mêmes sur la place public. Dans le genre, j’aime cette bagnole et cette fille qui semble prendre du plaisir à danser avec sa copine tout en nettoyant le pare-brise. Conclusion : j’aimerais éventuellement avoir cette bagnole et les deux copines. Ça marche aussi dans ce sens : j’aime cet homme qui fait des vidéos avec son chat, c’est trop mignon, je veux un homme qui aime les chats. La projection…
Bon, j’existe ou pas ?
Véritablement, il n’y a aucun doute quant à notre existence réelle (minime, soit). Virtuellement, le liké se sent plus existé que le likeur à proprement parler. Sur les réseaux sociaux, on voit souvent un accomplissement de soi lorsque le publicateur atteint un quota de like. Par exemple, les tweeteurs ont tendance à épingler le statut le plus liké (favori) comme un moment de gloire acclamé par la cour : « t’as percé grâce à ce tweet 😀 ». Quant aux digital influencers, ils vivent grâce à la quantité de likes, d’abonnés d’où le mot influence qui définit explicitement son rôle (business, soit).
Exister est une sorte d’objectif vital pour le commun des mortels. Avec la naissance des réseaux sociaux, nous avons trouvé le moyen de prouver notre existence non pas qu’à nos proches, mais aussi à ces autres. Recevoir le like nourrit notre égo, donner un like nourrit l’autre tout en prouvant notre existence.
N’est-il pas plus sage de vivre plutôt que d’exister, à vous d’en juger…
« Il faut vivre et non pas seulement exister » Plutarque
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Je pense que l’un n’empeche pas l’autre. bié au contraire. Ce n’est qu’en vivant qu’on peut exister vraiment. Sur les réseaux sociaux aussi. Si nous ne vivons pas, comment avoir du contenu à partager ? Ils sont à mon sens indissociables. Comment vivre sans exister ? Comment exister sans vivre ?
Un vrai casse-tête en effet… Disons que vivre c’est surtout le fait d’agir pour soi, de jouir de la vie. On se sent souvent exister dans le regard de l’autre. Enfin, c’est ainsi que je vois la chose.
Vraiment très intéressant cet article sur la « philosophie » du monde virtuel!
Je like!
Merci Vanessa !!! 🙂
Toujours aussi intéressant comme sujet ! Rhaa j’adore ton style !
Ça donne vraiment à réflexion !
Des bisous ma belle ☺
Merci Ludivine, ça me fait tellement plaisir :-)))) Gros bisous xxx
Je like ton article!
🙂
Je crois que la difficulté actuelle est surtout un manque équilibre : soit tu es happée par les réseaux sociaux, soit tu les rejettes.
C’est aussi toute l’enjeu de l’éducation qu’on donne à nos enfants : ne pas les laisser en dehors des outils actuels sans les laisser tomber dans le versant « j’existe parce que je youtube ». Si quelqu’un a une solution à cela…
Bonne journée!
PS : très intéressant, comme à chaque fois, même si je ne commente pas!
Coucou Esthelle ! Je like ton commentaire mille fois 😀 L’éducation de la nouvelle génération est très problématique. Ils sont en train de grandir avec le digital, c’est bien de trouver le juste milieu pour qu’ils ne soient pas complètement déconnectés de la réalité. En même temps, difficile de dire à un enfant « non tu n’auras pas de tablette » alors que toute la cours de récrée en a une. Je pense qu’il faut leurs expliquer que la vraie vie a plus d’importance que l’existence sur les réseaux sociaux. Mhmm… Tu viens de me donner une idée d’article, merci 😉 Bon weekend !!
Woahh quelle réflexion ! C’est intéressant, moi je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question « Pourquoi je like ? »