Surmonter la crise de la trentaine

En y pensant, je n’y avais même pas pensé, c’est arrivé comme ça, comme un passant pressé, qui, malgré son pas décidé arrive en retard et se fait gronder. J’avais 13 ans, peut-être un peu moins lorsque j’ai imaginé arriver à 18 ans aux portes de la liberté, j’en rêvais tellement. Dans mon premier plan, tout devait être réalisé avant 29 ans car bêtement je suis née un 29… Mon tout représentait la réussite professionnelle, le reste n’était pas préparé, j’ai simplement avancé avec toutes mes idées sans vraiment compter le temps, en le contant tout de même dans mon esprit avec l’envie prédominante d’exaucer ce qui, sous le ciel de mon adolescence, me paraissait impossible. J’ai vécu de belles années je crois, j’en ai même été fière parfois. Entreprendre des choses « folles » du haut de mes jeunes épaules nourrissait mon égo quasi-déconnecté de la réalité jusqu’à me donner une apparence malencontreusement froide. Ma merci n’était pas le regard des autres, mais celui que je rêvais de porter sur moi-même. Je n’ai pas entièrement réussi. J’ai échoué dans un ici que j’ai cherché, que j’ai trouvé, que j’ai construit, puis détruit maintes fois. Moi, j’ai 30 ans, oui j’ai atteint ce sommet que je n’avais pas prévu, alors que faire ? J’ai continué dans la voie qui me plaisait, puis j’ai rencontré ces autres… Décidément autre que moi.

Les autres m’ont partagé un souci qui était le cadet de mes ennuis. La honte. À vrai dire, elle ne vient pas de moi, les autres me l’ont enseignée avec des mots tordus, maladroits, conditionnés, conformes à leur réalité. En m’oubliant dans une tornade d’événements successifs, j’ai donné de l’importance à l’extérieur car mon intérieur avait déjà atteint les 29 ans sous un nuage de déceptions malgré le bonheur immense de les avoir vécus intensément. Dans l’absolu, j’ai toujours apprécié le moment présent au présent, mais lorsqu’il commence à se conjuguer au passé il laisse un goût amer de regrets. Lorsque mon château de cartes s’est effondré, il ne me restait plus que ces 30 bougies et… les autres. Ceux qui pensent qu’à 30 ans, tu devrais être à la tête d’un foyer, avoir une famille, des enfants, un chat et une clôture blanche. Si tu ne rentres pas dans la case, tu finis dans le tiroir des « gens bizarres ». Bizarre ? Ce concept ne m’effraie pas ou plus, à en croire son  héritage il vient du vieux français « Bigearre » qui signifiait « extravagance, singularité ». Singulière, ce n’est pas pour me déplaire !

30 ans, l’heure du bilan 


Autant vous le dire, en passant à ma quatrième décennie sur terre, j’ai eu un rendez-vous imprévu avec moi-même. J’étais encore en train de rompre avec de vieux démons que j’ai dû me rendre à l’évidence qu’à présent j’étais devenue une adulte et qu’il était grand temps de clarifier cet état de vie. Qui suis-je ? Où je vais ? Est-ce que j’apprécie mon voyage ? Ces questions étaient sur ma table depuis au moins 5 ans, mais l’anniversaire de la seconde chance ne m’a plus donné le choix, je devais y répondre MAINTENANT. Le petit moi intérieur s’est pris de panique en marmonnant des regrets pratiquement tous les jours jusqu’à me faire rentrer dans le mur la tête la première : c’était l’heure de la… crise ! (Par chance, à quarante balais je serai déjà bien armée pour l’éviter) Pourquoi la crise ? Une crise existentielle qui recherche des réponses en se hâtant et finit par regarder autour en croyant que les autres représentent une normalité que j’aurais dû atteindre aussi.

Les autres, le rôle de leur vie

Les autres sont ces personnes que l’on connait ou pas, pas bien méchantes, elles ont un idéal et on ne pourrait le leur reprocher. On en a tous un qui se dessine souvent sous les auspices d’un cadre familial qu’on a eu et qu’on veut soit reproduire, soit éviter, soit améliorer, soit, soit ! Bref, les autres et nous autres sommes dans le même pétrin, on vit notre temps puis BOUM bada BOUM, l’idéal ne ressemble pas à l’idéal qu’on avait cru être un idéal. Mais comme nous sommes généreux, on projette nos idées accompagnées de nos angoisses sur les autres avec des phrases assassines pour bien rappeler à l’autre que notre vision reste la meilleure. Vous me suivez jusque là ?

Dans mon quotidien de trentenaire novice, ils sont nombreux à avoir semé des petits grains de critiques vagabondes lorsqu’ils me demandaient mon âge. Certains donnaient l’air d’avoir pitié de mon cas. Il suffisait de lire l’effet de surprise sur leur visage choqué pour comprendre qu’un truc clochait dans leur monde normatif. « 30 ans toi-même ! », voilà la réponse que je serai enfin capable d’articuler grâce à mon introspection dans les profondeurs. Honnêtement, je n’ai jamais connu la honte de l’âge avant qu’on me la fasse ressentir, mais me retrouver dans un échec personnel ne m’a pas aidé à affronter le reflet des autres. 

Et maintenant, que vais-je faire ?

J’ai décidé de prendre le temps de me foutre du temps car j’ai enfin compris un essentiel : chacun a son propre rythme, sa propre histoire, l’idéal se trouve à l’intérieur. Nous n’avons pas besoin de conformer notre vie à celle des autres, et c’est en regardant trop les autres qu’on devrait commencer à se poser des questions sur soi-même. Inutile d’attendre son anniversaire pour se décider, il suffit de s’observer. C’est une étape cruciale qui permet de se recentrer et d’apprendre à se connaître VRAIMENT pour vivre PLEINEMENT sa propre vie reflétée par ses propres envies. Si vous êtes confronté à un état de panique dû à votre âge, n’oubliez jamais qu’il est préférable de conter ses années plutôt que de les compter. À vos plans, prêt, feu, vivez !

Le plus difficile avec le temps, c’est d’oublier qu’on n’a pas le temps. Toutes ces futilités qu’on s’obstine à traverser dans la douleur alors que l’on pourrait juste se dire « stop, si ça ne va pas, je peux recommencer indéfiniment ». Par chance, dans ma crise j’ai aussi rencontré une phrase d’une grande simplicité  qui disait « soit heureuse d’être en vie » et c’est tellement vrai. Même si on le sait, on l’oublie souvent au détriment de nos angoisses sur ce fameux temps, au détriment des gens miroirs qui nous jettent au visage leur vision pour rappeler qu’on ne rentre pas dans une case, au détriment d’une course folle pour obtenir le graal du futur. Y-a-t-il un futur si on ne vit pas aujourd’hui ? Vous pouvez ralentir la cadence, apprécier le paysage car dans cette course folle vous êtes le seul participant et donc le seul vainqueur. 

Sarah

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